Toute personne qui accorde un tant soit peu d’intérêt au cannabis médical s’est certainement demandé si sa situation va bientôt s’améliorer en France. Les gens qui espèrent trouver un soulagement à leurs maux s’y intéressent tout particulièrement. Les produits à base de cannabis sont d’autant plus efficaces s’ils contiennent du THC à titre thérapeutique. Jusqu’à présent, le chemin de la marijuana médicale semble indéterminé. Nous attendons de voir les conclusions des expérimentations en cours (l’une est censée s’achever en janvier prochain). Certaines déclarations paraissent encourageantes, mais la plupart du temps, elles ne se traduisent pas en loi. Pourtant dans d’autres pays, les gouvernements ont concrètement légalisé le cannabis médical pour le bien de la population. Faisons un tour d’horizon pour discerner la situation du cannabis médical en France.
France : comment se présente vraiment la situation du cannabis ?
Plusieurs organismes se sont attelés à la sensibilisation du public concernant le potentiel thérapeutique du cannabis. Les professionnels de santé et les scientifiques ont également procédé à des expérimentations sur les avantages de la marijuana médicale. Quoi qu’il en soit, le chemin de sa validation législative semble long. Rien que la soumission des expérimentations au vote des législateurs a pris beaucoup de temps. Rappelons qu’il a fallu patienter quelques années (plus de 3 ans) avant de pouvoir démarrer une expérimentation sur les citoyens français. Il faut admettre que ce processus administratif est complexe d’autant plus que la crise sanitaire a retardé les choses.
À qui la première expérimentation française sur la marijuana médicale est-elle destinée ?
En fait, elle implique un échantillon de 3000 personnes souffrant de différents troubles de santé. Les volontaires devaient recevoir un traitement à base de cannabis dans un délai de 6 mois. Mais si l’expérimentation est concluante, ce délai pourrait être prolongé. On a sélectionné la population d’étude selon des critères spécifiques. Le comité scientifique a notamment voulu privilégier les patients dont les traitements des maux ont été inefficaces. L’équipe de chercheurs les a notamment ciblés selon qu’ils souffrent de :
- Graves symptômes d’épilepsie
- Douleurs et symptômes liés au traitement du cancer
- Maux qui demandent des soins palliatifs (situations palliatives)
- Troubles et douleurs cérébraux (sclérose en plaques, neuropathies, etc.).
Quels produits à la marijuana le premier essai privilégie-t-il ?
Pour cet essai clinique, le Comité social territorial a suggéré des produits au cannabis renfermant du cannabidiol (CBD) et du tétrahydrocannabinol (THC). On privilégie notamment des :
- Produits à base de fleurs de marijuana destinés à l’inhalation
- Huiles de cannabis administrables par voie sublinguale
- Gélules ou comprimés renfermant à la fois du cannabidiol et du tétrahydrocannabinol.
Comme la fumée de cannabis est souvent nocive, on a volontairement éliminé la marijuana à fumer du processus de traitement. Soulignons également que le gouvernement a préféré importer les produits destinés à cette première recherche.
Les premiers résultats sur le cannabis médical sont-ils encourageants ?
La première expérience devrait permettre de tester les cannabinoïdes (CBD et THC) sur des patients. Elle devait notamment éclairer les professionnels de santé sur les conditions de prescription des produits à base de marijuana médicale. Presque deux ans se sont écoulés depuis le début de cette expérimentation (26 mars 2021). Le bilan fait notamment état de quelques constatations significatives.
Plusieurs désistements des volontaires
Beaucoup de patients (28 %) sur 1450 enregistrés ont préféré renoncer à l’expérimentation. Nous constatons que l’expérience n’a atteint que près de la moitié du nombre de volontaires escompté. Les renoncements ont donc aggravé ce manque d’effectif. En fait, certains ont renoncé à cause des effets indésirables des produits ou de l’absence de soulagement à leurs maux. Sans doute n’ont-ils pas supporté les désagréments associés aux protocoles de traitement (anxiété, somnolence, diarrhée, etc.).
Un dynamisme en termes d’opérationnalité et de formation
Il faut savoir que 240 structures hospitalières ont accepté de collaborer à cette expérience sur le cannabis médical en France. Les patients sont sous l’encadrement des professionnels de santé (infirmiers, médecins, pharmaciens, etc.) émanant de différentes structures hospitalières. Précisons que dans le cadre de cette expérimentation, il a fallu former tous les personnels soignants (plus de 1000). D’ailleurs, les différents acteurs engagés dans l’expérience dénotent la performance du circuit de distribution de la marijuana médicale. Par conséquent, on pourrait envisager de l’étendre à l’échelle européenne.
Un témoignage positif en faveur de la première expérimentation sur le cannabis médical en France
L’efficacité ou non du protocole de traitement est l’une des conclusions les plus importantes et attendues. Il s’avère que 68 % des 725 patients interrogés ont constaté une amélioration de leur état suite au traitement. Ils auraient trouvé un soulagement à leurs symptômes, ce qui a amélioré leurs conditions de vie. La plupart d’entre eux témoignent que l’expérience est bénéfique et qu’il ne faut pas l’arrêter. Quoi qu’il en soit, la majorité des patients témoignent d’une réduction notable de leurs douleurs. Cela a été principalement constaté chez les personnes souffrant de douleurs neuropathiques. En plus d’alléger leur douleur, le cannabis aurait réduit leurs crises. Mais les patients souffrant de scléroses en plaques ont aussi trouvé un soulagement à leurs douleurs (spasmes musculaires notamment). Plus de la moitié des personnes en situation palliative ont également trouvé du réconfort grâce au traitement expérimental.
La première expérimentation sur la marijuana a-t-elle des chances de réussir ?
En réalité, la France fait partie des derniers pays à s’être intéressé au cannabis médical en Europe. Rappelons que le Canada fut le premier pays à entreprendre des recherches sur le potentiel thérapeutique de la marijuana (2001). Plus tard, d’autres pays ont fait de même (Israël 2004, Italie 2013, Allemagne 2017). Il faut dire que ces États ont réglementé chacun à leur manière leurs recherches sur la marijuana médicale. L’étude axée sur son potentiel thérapeutique a eu des conséquences sur les plans sanitaires (structures de santé) et socio-économiques. Pour ce qui est de l’avenir de cette première expérimentation sur la marijuana thérapeutique en France, deux situations pourraient se produire.
Une accessibilité nationale à la marijuana médicale
Le bilan préliminaire en matière d’accessibilité du cannabis semble encourageant. La formation du personnel médical et les témoignages des acteurs engagés dans l’expérience paraissent aussi positifs. Selon une enquête de l’OFDT (2019), la majorité des interrogés sont favorables à l’utilisation du cannabis pour un traitement expérimental. Un autre sondage (IFOP pour Écho Citoyen et Terra Nova) révèle un taux d’approbation élevé (82 %) pour la prescription du cannabis médical. Et cela sans oublier que l’offre thérapeutique de la marijuana pourrait profitait à beaucoup de patients (700 000 selon la Mission d’information sur le Cannabis).
Aucun avancement ou renonciation du cannabis en tant qu’offre thérapeutique
Vu qu’on a prévu seulement 3000 volontaires, il est improbable que l’expérimentation sur le cannabis thérapeutique ait une portée nationale. L’effectif des participants n’est déjà pas suffisant, alors comment peut-on espérer toucher un échantillon plus large ? D’ailleurs, le cannabis rencontre souvent une certaine réticence sur le plan idéologique. Certes, les Français semblent ouverts au débat sur le cannabis, il n’en reste pas moins quelques résistances. Souvent, la réticence est liée à une peur concernant ses effets nocifs sur la santé. Or, dans le cadre thérapeutique, la marijuana semble présenter peu de risques par rapport à l’usage récréatif. En outre, l’expérimentation privilégie l’importation des produits à base de cannabinoïdes. En effet, on ne peut pas produire des substances contenant un taux élevé de THC dans le pays. Or, la gratuité de l’offre étrangère pourrait n’être que temporaire. Les produits thérapeutiques pourraient coûter cher, ce qui pourrait démotiver les acteurs et ne pas favoriser l’expansion de la recherche. Par ailleurs, on ne sait pas si la France est disposée à prendre en charge le traitement des patients de l’expérimentation. Donc, il est possible qu’il n’y ait aucun avancement ou qu’on finisse par abandonner cette première expérimentation sur la marijuana médicale.
Une nouvelle expérimentation sur le cannabis médical se profile à l’horizon
La première expérimentation devait s’achever l’année prochaine au mois de mars, mais la DGS a décidé de la prolonger d’un an. En fait, certains médecins (hors comité de recherche) ne sont pas convaincus que le cannabis médical est digne d’être prescrit en traitement. De plus, la DGS n’est pas convaincue de ses avantages financiers sur le plan politique. Quant à cette seconde expérience, on n’a pas encore assez d’éléments la concernant. On sait, entre autres, qu’elle sera différente en plusieurs points de la précédente expérimentation. Cette fois-ci on prévoit de payer les fournisseurs, la DGS a déjà procédé à une évaluation des coûts concernant cette faisabilité. Puisqu’ils se sont avérés exorbitants, il va falloir effectuer des appels d’offres. Par conséquent, on aura probablement à faire à de nouveaux fournisseurs dans la filière du cannabis médical.
Le cannabis médical est-il en bonne ou en mauvaise voie dans le territoire français ?
En définitive, la marijuana médicale est toujours en phase d’expérimentation en France. On est donc encore loin de savoir si oui ou non le pays la généralisera un jour. Cependant, si les participants se désistent en cours de route, les expérimentations ne seront probablement pas probantes. Et avant d’espérer un élargissement sur une échelle plus large, il faudra d’abord autoriser la filière du cannabis médical dans le pays. En outre, les deux expériences auront plus de chances de réussir si l’État français réserve un budget pour les réaliser. Par ailleurs, si jamais on légalisait le cannabis médical en France, il faudra anticiper certaines choses. On devrait notamment penser à faciliter la validation des expérimentations, au statut des offres thérapeutiques ou à la possibilité d’une assurance maladie.
Pour en savoir davantage sur les effets du CBD sur l’organisme, consultez un autre de nos articles.
Ajouter Un Commentaire