Le CBD et le THC : quelles sont les différences ?
Comme le cannabis est une plante psychotrope, l’avis général veut que tous ses composants actifs le soient aussi. Les amateurs de cannabis confondent à cet effet le THC avec le CBD, à plus forte raison parce qu’ils ont la même formule chimique. Il existe pourtant des différences notoires entre ces deux cannabinoïdes, à commencer par leur stéréochimie respective.
Les différences entre le CBD et le THC
Le THC et le CBD, découverts en 1940 mais identifiés en 1964, sont des composants du cannabis. Ils appartiennent au groupe de cannabinoïdes parce qu’ils activent les récepteurs cannabinoïdes de notre organisme. Leurs propriétés stéréochimiques et leurs effets diffèrent toutefois, faisant du THC la seule substance hallucinogène dans le cannabis. Les autres cannabinoïdes comme le CBD, par contre, ne provoquent ni effet “high” ni dépendance.
Le CBD et le THC : deux structures chimiques différentes
Le CBD et le THC possèdent la même formule brute C21H30O2, c’est-à-dire qu’ils ont chacun 21 atomes de carbone, 30 atomes d’hydrogène et 2 atomes d’oxygène. Malgré cette apparence commune pourtant, les deux cannabinoïdes ne sont pas identiques parce que l’emplacement de l’atome d’hydrogène change leur stéréochimie respective. Ainsi, la distinction entre CBD et THC dépend de la disposition des atomes d’hydrogène.

Pour résumer ces caricatures, c’est comme si le CBD et le THC utilisent exactement le même nombre de briques mais pour construire deux bâtiments de différentes architectures.
Le CBD et le THC ont des effets différents.
Tout comme le café, le CBD et le THC sont des psychoactifs parce qu’ils agissent sur le système nerveux central. C’est exactement de là que la confusion vient, alors que les aspects psychoactifs des deux cannabinoïdes sont différents voire contradictoires.
Les effets du CBD
Contrairement au THC, en effet, le CBD ne provoque pas d’effets euphorisants, hallucinogènes ou de pharmacodépendance. Et pour cause, le CBD ne peut pas parfaitement se fixer sur les récepteurs cannabinoïdes CB1 (cannabinoid receptor 1) et CB2 (cannabinoid receptor 2).
Comme le CBD se connecte avec les CB1 et CB2 mais ne s’y fixe pas, il est facilement transporté par la circulation sanguine dans tout l’organisme. En retour, il active tous les autres neurotransmetteurs et provoque la sécrétion des hormones du bien-être comme la dopamine et l’anandamide.
Le CBD a ainsi des effets relaxant et antalgique sur notre organisme, sans nous rendre dépendant à sa consommation. Il est également utilisé dans le traitement des convulsions épileptiques.
Pour rappel, les CB1 et les CB2 assurent nos fonctions endocannabinoïdes. Les CB1, exprimés par les neurones du cerveau et le réseau de nerfs dans tout l’organisme, sont impliqués dans les effets psychotropes. Quant aux CB2, situés dans les cellules immunitaires, ils régulent les effets immunomodulateurs.
Les effets du THC
Le THC ressemble aux CB1 et CB2 puisqu’il produit exactement des effets identiques à ces endocannabinoïdes : la régulation des émotions (fonction des CB1) et celle la défense immunitaire ( fonction des CB2).
A l’inverse du CBD, le THC se fixe facilement sur les CB1 et CB2. Au lieu de booster leur fonction toutefois, cette substance agit plutôt comme un surdosage à l’origine de leur dérèglement. Les CB1 et les CB2 deviennent effectivement surstimulés ou surchargés, au point d’agir contre leurs fonctions initiales :
- Les CB1 n’arrivent plus à contrôler l’émotion, d’où l’euphorie extrême des personnes sous THC. Ce déséquilibre peut aussi conduire à une intense anxiété, violence, phobie sociale et même à la folie.
- Les CB1 stimulent l’appétit mais quand ils dérèglent, ils se trompent et envoient de faux messages au cerveau. Ainsi, ils activent l’hormone de la faim (la ghréline) alors qu’on est repu, et l’hormone de la satiété (la leptine) lorsqu’on n’a rien dans l’estomac.
- Les CB2 censés contribuer à la défense immunitaire n’assument plus leur rôle. Ils affaiblissent le système immunitaire et au pire, incitent l’organisme à se défendre contre lui-même.
L’altération cognitive causée par la sur-stimulation des récepteurs CB1 diminue aussi la capacité de mémorisation et entraîne la dépendance.
Le CBD atténue les effets négatifs du THC
Le THC est un agoniste des CB1 et CB2 tandis que le CBD est leur antagoniste. Le CBD peut donc inhiber les CB1 et CB2 afin de contrer l’impact du THC, en plus d’activer tous les autres récepteurs de l’organisme. Vous ne risquez donc pas de totalement planer lorsque vous consommez de l’huile de CBD à forte teneur en THC. Voilà pourquoi dans certains pays comme le Canada, le taux limite du THC dans les produits CBD est de 15% pour les consommateurs de plus de 21 ans.
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Le CBD est légal, le THC illégal
La légalité figure parmi les grandes différences entre le CBD et le THC. Les études menées jusqu’à ce jour confirment que le CBD ne crée ni effet psychédélique ni dépendance. Pour cette raison, les produits à base de CBD sont autorisés en France, à condition de contenir un taux de THC inférieur à 0,02%.
Le THC, par contre, est une substance hallucinogène encore interdite par la Commission des stupéfiants des Nations Unies (CND), compte tenu de ses extrêmes effets psychotropes et son risque de dépendance. Il est ainsi interdit de cultiver, consommer et vendre du cannabis à forte concentration en THC.

Le CBD et le THC sont complémentaires
Les effets néfastes du THC laissent croire qu’il n’y a rien de positif à en tirer. Et pourtant, aussi controversé que cela puisse paraître, le THC n’est pas aussi démoniaque que cela. Il dispose aussi de ses propres vertus thérapeutiques et, dans certains cas, peut même renforcer l’efficacité du CBD.
Le THC : ange ou démon?
Comme une lame à double tranchant, le THC peut détruire le système nerveux, tout comme il peut soigner de nombreux maux. Les crimes qu’on lui reproche cachent en effet des solutions pour guérir des maladies auto-immunes ou rares. Tout comme la vaccination ou l’homéopathie, le THC propose aussi de “soigner le mal par le mal”.
Les bienfaits du THC
Le cannabis est utilisé à de multiples fins thérapeutiques, dans lesquelles le THC joue un rôle essentiel. Il s’agit entre autres, de :
- calmer la douleur
- atténuer les spasmes
- soigner les maladies auto-immunes
- stimuler l’appétit
- apaiser les nausées et vomissements
- lutter contre l’insomnie
Le CBD et autres cannabinoïdes disposent également des mêmes vertus, mais c’est le contexte dans lequel ils sont appliqués qui marque toute la différence. Le CBD et le THC, en guise d’exemple, apaisent tous les deux la douleur. Dans les cas de douleurs liées à une maladie auto-immune toutefois, le THC s’avère doublement bénéfique parce qu’il a un effet immunosuppresseur. Cela est confirmé par de nombreuses études, dont celles réalisées sur des souris cancéreuses et des humains souffrant d’un stade avancé de SIDA. Or, consommer le THC comme un anti-inflammatoire banal peut sérieusement fragiliser l’organisme et l’exposer à toutes les maladies.
Les médicaments à base de THC
Le THC est, certes, une substance illégale mais la science a toutefois reconnu son rôle positif dans le traitement des douleurs, des maladies dégénératives et auto-immunes.
Pour ne citer que quelques exemples :
- le Marinol/Dronabinol : un puissant analgésique à base de dronabinol, une copie synthétique du THC. Ce médicament est utilisé pour soigner les douleurs, les nausées et vomissements chez des patients sous chimiothérapie.
- le Sativex : un antalgique qui contient à la fois du CBD et du THC. Ce médicament vient au secours des patients souffrant de spasticité provoqué par la sclérose en plaques.
- le Nabilone/ Cesamet : un anti-vomissement prescrit pour les patients sous chimiothérapie.
L’industrie pharmaceutique utilise également le THC pour soigner le syndrôme de Gilles de la Tourette et les syndromes post traumatiques.
Le THC peut devenir du CBN
Sous l’action du temps, de l’air, des rayons UV ou de la chaleur, le THC peut aussi se transformer en cannabinol ou CBN. Le CBN a des vertus antibactériennes et analgésiques en plus de favoriser le sommeil, tout comme le CBD. Le CBN n’a pas d’effet hallucinogènes, contrairement au THC.
Association réussie du CBD et du THC
Le CBD et le THC font bon ménage pour traiter les douleurs chroniques. Voilà pourquoi les anti-douleurs comme le Sativex soulagent plus efficacement les symptômes de la sclérose en plaques ou les violentes douleurs musculo-squelettiques. Le CBD et le THC forment en effet un duo plus puissant que les antalgiques de niveau 1 (aspirine, paracétamol, etc.).
Pour résumer, le CBD et le THC ont la même formule chimique mais la disposition des atomes leur donne leur identité propre et leurs effets respectifs. Malgré la popularité croissante du CBD cependant, il est encore trop tôt pour le juger “meilleur” que le THC. Les recherches continuent encore sur le plein potentiel du cannabis, d’autant plus que le la plante ne fait plus partie de la liste des opioïdes de Tableau IV depuis 2020.
Cette décision des Nations Unies facilite l’usage du cannabis à des recherches thérapeutiques, et permet d’en savoir davantage sur le CBD et le THC.